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Les Chemins du Soleil à VTT : Valence - Sisteron - Nice

 Départ de Valence, direction la mer !

Quelques grands itinéraires de VTT parcourent la France, c'est le cas en particulier de la GTMC et des Chemins du Soleil.
Les Chemins du Soleil proposent plusieurs itinéraires qui ont pour point commun de parcourir les Préalpes. L'itinéraire que je présente va de Valence à Nice en passant par Gap et Sisteron. Accrochez-vous au guidon, c'est parti !

Livron sur Drôme - Saint-Nazaire le Désert

Longue étape dans le Diois avec en ligne de mire dès le début les Trois Becs, belle falaise interrompant brusquement le synclinal perché de Saou.


Les vendanges

L’étape passe par Crest, Saillans à partir duquel je m’engage sur la variante des Chemins du Soleil.


Crest

Le soleil est implacable, j’aurais jamais cru cela d’un mois de septembre. La montée Saillans – La Chaudière fait de gros dégâts, je suis en surchauffe, c’est le cas de le dire. J’avais eu l’occasion de découvrir à pied le Diois et j’avais remarqué que ca devait être un profil très sévère pour le VTT . Je confirme : les descentes demandent beaucoup d’attention et les montées... ben ca dépend. De la Chaudière, je remonte encore pour aller buter sous les Trois Becs :

Puis passage par la commune la moins peuplée de France (1 habitant), dernière montée bien raide et descente technique jusqu’à Saint Nazaire. J’arrive tard, ma journée ayant été rallongée par une baisse de régime pendant les heures chaudes et 3 crevaisons. Je finis d’ailleurs l’étape avec une crevaison lente : obligé de regonfler régulièrement car impossible de trouver le trou.

L’auberge du Désert offre un accueil formidable et rien que pour le repas, j’y retournerai un jour. En entrée, salade composée avec salade, jambon fumé, graines de courges, pois chiches et j’en oublie. Le plat de résistance consiste en un demi-poulet rôti avec ratatouille maison et gratin dauphinois. Puis fromage blanc et délice pamplemousse – abricot. Le lendemain matin, il faudra se lever tôt pour réparer la crevaison, je n’ai pas le courage ce soir.

 

Saint Nazaire le Désert - Luc en Diois

De Saint Nazaire, il s’agit de rejoindre Lamotte-Chalençon par les sentiers. A Lamotte, le topo me prévient : ca monte pendant 7 km pour 700m de D+.


Champs de lavande au dessus de Lamotte

La piste est parfois au soleil et je bous sous le casque.


Lamotte depuis la piste

A l’Establet, un beau sentier parfois impraticable en VTT m’emmène à Saint-Dizier. De là, je poursuis par la route descendante jusqu’au col de Rossas, Valdrôme puis Luc-en-Diois. Mauvaise surprise : j'ai le gîte communal pour moi tout seul tout est fermé dans le village. Je dois aller acheter un paquet de pâtes à un habitant : j'aurai des lentilles et des pâtes au dîner et au petit-déjeuner.

 

Saillans - Les Tatins

De Luc-en-Diois, je prends le train jusqu’à Saillans pour rejoindre le circuit normal.


A la gare au lever du jour

De Saillans, je m'enfonce dans les collines jusqu'au col des Vachons, c'est dur. De Pontais à Die, on reste un peu sur les hauteurs en parallèle de la route principale, aucune difficulté. La portion qui relie Die à Châtillon-en-Diois est très pénible en particulier la montée au col de l'Abbaye. A Châtillon, arrêt mérité pour manger une bonne fougasse à la boulangerie.

J'en ai besoin pour la montée qui m'attend : 5 km de route tranquille au début puis montée à l'ombre sur un superbe chemin en sous-bois. Arrivée à Soubreroche et problème de balisage pour trouver le pas de l'Echelle, une habitante m'indique la direction, je me perds encore une fois et je trouve finalement ce pas(sage) qui descend la falaise. Autant dire qu'il se fait à pied ! Après une bonne descente, grosse section de montée sur route raide jusqu'aux Tatins. Je supporte de plus en plus mal la chaleur : coups de soleils, irritations. Je suis obligé de m'arrêter plusieurs fois sur la route pour refroidir la machine. Aux Tatins, je fais une bonne pause et me demande sérieusement si je vais continuer. Je ne profite vraiment pas de ce raid, je souffre trop de la chaleur. Je me dis que c'est dommage d'en rester là et pourtant je sais que plus je vais aller au sud, plus je vais avoir chaud. Aller tant pis, je continue. Quelques encablures plus loin, je crève à nouveau. C'en est trop, je me dis que le sort me fais un signe. Je répare ma roue tant bien que mal (crevaison lente = impossible de trouver le trou sans mettre la chambre à air dans l'eau) et je descends à Châtillon dans le gite du Suel que je connais déjà. Demain, je rentrerai à la maison.

An gîte, je retrouve un groupe de joyeux VTTistes qui font le même circuit que moi. Ils ne semblent pas souffrir de la chaleur, tant mieux pour eux. Je suis triste et le retour à la maison ne m'enchante pas. Bah, les montagnes ne bougeront pas ! I'll be back.

Le retour, c'est maintenant...

Pour éviter les crevaisons, j'ai équipé mes fonds de pneu de bande de kevlar. Malgré le poids en plus sur les roues, j'espère éviter la grosse galère de la dernière fois.

Die - La Cluse

Rebelotte, de Die, route tranquille jusqu'à Chatillon, puis montée par la route jusqu'aux Tatins.


Eglise de Boulc

Rien à voir avec ma dernière tentative, la température est humaine et ca passe bien. Au sommet, le Dévoluy se dévoile avec un petit air de Dolomites.


Le Dévoluy

Passage par deux cols assez hauts : le col des Tours (1691m) suivi d'un portage court mais pénible, puis le col de Lauteret (1754m) avec une descente ludique et technique sur La Cluse.

 

La Cluse - Col des Guérins

J'ai été réveillé plusieurs fois dans la nuit par la pluie sur la fenêtre. Et il pleut encore en me levant. Vers 8h, je profite d'une accalmie et pars. Autant le dire tout de suite, l'étape passe au pied de la montagne de Bure, je ne la verrai pas de la journée !


Ambiance humide

A part une grosse averse qui m'oblige à me réfugier sous un arbre, il ne pleuvra pas beaucoup. Le sol est tellement détrempé que je suis arrosé par le bas, ca revient au même. 

Chute magistrale qui aurait pu très mal se finir : sur un pont en bois, ma roue avant passe entre les planches et après un magnifique soleil, je me retrouve dans les câbles du pont, l'eau coule 10 m plus bas... Les chemins du soleil ont un double sens, je viens de le comprendre.

Sur les hauteurs de Gap, le chemin longe la ville sur une voie de chemin de fer qui n'a jamais vu le jour. C'est le seul passage que j'ai trouvé monotone durant ce séjour.

Arrivé enfin à Gap, le soleil fait son apparition, je fais une pause méritée dans une boulangerie. Il ne reste plus qu'à monter au col des Guérins, juste sous Céüse. Ils ont quand même trouvé le moyen de mettre un gros portage sur un chemin fraîchement défoncé par des 4x4.

Arrivée à la Grange aux Loups : quelques grimpeurs, on sent que la saison touche à sa fin. Repas excellent avec pain maison cuit au feu de bois.

 

Col des Guérins - Sisteron

La pluie c'est du passé mais les chemins vont rester gras toute la journée. Du gîte, bonne montée sur piste puis descente pénible dans un terrain très lourd.


Vue magnifique sur Céüse à gauche, Gap au fond en bas depuis le col des Guérins

Après avoir traversé le beau village de Barcillonnette, montée par une piste au pas de Roche Courbe, descente exposée négociée vélo à la main. Ensuite passage par les Arnauds. Le paysage change progressivement, le Sud approche : jusqu'à Sisteron, je roule dans des vergers de pommiers où la récolte bat son plein.


Vergers de pommiers vers Ribiers

Arrivée à Sisteron par la Citadelle. Ouf, la première section des chemins du Soleil est bouclée. La mécanique tient bon sauf mes freins, je suis parti avec des plaquettes neuves d'une marque dont je n'ai pas l'habitude et en 3 jours, elles sont complètement usées. Impossible de les changer à Sisteron, il faudra attendre demain.


La Clue de Sisteron depuis la chambre d'hôtel

 

Sisteron - Digne-les-Bains

Le Mistral souffle fort ce matin mais il ne me gênera presque pas de la journée. Au départ de Sisteron, montée agréable sur l'ancienne route d'Entrepierres :

Passage par les gorges du même nom :

Puis arrivée à Saint-Geniez. De là descente très raide dans les gorges du Vanson. Impossible d'admirer le paysage et de piloter, il faut choisir. Après les gorges, long portage (presque 5 km) pour monter sur les crêtes de Thoard. Dans le bois, je fais fuir un couple de sanglier avec une dizaine de marcassins : je ne sais pas qui a été le plus surpris.

Le portage s'arrête au col de Mounis (1216m) en même temps que l'on sort du bois : la vue s'étend sur toutes les crêtes qui m'attendent.

Près de 8km de montagnes russes avec portages, descentes techniques. Je rencontre mon premier groupe de vététistes : ce sont les seules personnes rencontrées sur les chemins pour le moment.


Vue depuis les crêtes

Arrivée à Thoard, comme souvent durant ce séjour, tous les commerces sont fermés pendant midi. Inutile donc de faire de vieux os, je continue en montant au col des Vachons.

La journée se termine par la descente sur Dignes-les-Bains, sans être extrême, il faut rester vigilant pour éviter les pièges.


Dignes-les-Bains depuis Courbons

A Digne, je change mes plaquettes.

 

Digne-les-Bains - Tartonne

Les terres noires, depuis le temps que j'en entends parler ! C'est aujourd'hui ou jamais. De Digne, montée vers les thermes, puis superbe chemin en balcon sous des pins noirs d'Autriche. Le sentier rejoint un carrefour de pistes forestières, une seconde d'inattention me fait prendre la mauvaise piste. M'en étant aperçu, je tente de rejoindre le bon chemin par un sentier : je ne suis pas très inspiré, le sentier est à l'abandon et je bataille pendant 30 minutes dans des buissons. Non sans mal, j'arrive au pas d'Entrages.


Descente depuis le pas d'Entrages

L'étape ensuite passe par des robines (vastes pans de montagnes de marnes noirs ou blancs ravinés par les eaux de pluie). Les descentes sont excessivement exposées, la moindre erreur de trajectoire pourrait avoir de fâcheuses conséquences : encore une fois, je privilégie la prudence et les négocie à pied.


Robine impressionnante


Les fameuses terres noires

Depuis quelques temps, mon dérailleur arrière fait des siennes et j'ai du mal à passer les vitesses. Et tout à coup, je ne peux plus passer aucune vitesse. Je me vois mal finir les étapes comme ça : je fais coulisser le câble de dérailleur dans sa gaine de nombreuses fois et retire de la boue : un VTT n'est vraiment pas fait pour rouler sous la pluie. Cet incident résolu, je peux continuer. Montée bien pénible au col de la Cine, heureusement la descente est fort ludique. Le sentier passe à travers une clue : les anciens devaient vraiment avoir besoin de monter dans la montagne pour avoir pris cette peine : d'ailleurs, c'est la Clue de la Peine :

Au gîte, rencontre d'un groupe en VTT qui fait une partie de la traversée, c'est en parcourant leur topo que je constate que j'ai un topo totalement farfelu : les horaires sont sous-évalués de même que les dénivelées (500m de différence par jour). Me voilà rassuré pour le reste du séjour.

 

Tartonne - Castellane

L'étape démarre bien : montée progressive au col du Défens puis au col de Séoune.


Belle construction sur la route du col du Défens


Beau chemin vers le col de Séoune

Descente vers Thorame Basse où je rencontre un autre groupe de vététistes : ils sont une bonne dizaine et font la Trans'Verdon, itinéraire balisé assez récemment.


Sommets pelés au dessus de Thorame-Basse

De Thorame, longue montée sur piste forestière jusqu'au sommet de la montagne de Maurel (1770m).


Depuis le sommet de la montagne de Maurel (1750m)

Puis c'est LA descente.

Avant de venir, je n'avais pas trop de technique pour franchir les épingles, cette étape est un baptême parfait. La descente vers Saint-André-les-Alpes est fabuleuse : très ludique, des épingles à n'en plus finir pour 800m de dénivelée négative.

Toutes ces émotions m'ont bien mis en appétit mais comme d'habitude tout est fermé à Saint-André-des-Alpes, je trouve quand même de quoi grignoter et me pose dans un parc.

Avant d'arriver à Castellane, je dois remonter et passer par le hameau de Courchons.

Le topo dit ensuite : Vérifiez vos freins ! La descente est longue à venir, mais gare aux multiples pièges. ATTENTION DANS LA DERNIERE DESCENTE SUR CASTELLANE.


Lac de Castillon avant la descente

Je me voyais déjà vélo à la main descendre un GR avec des marches et des grosses pierres. Et finalement, toute la descente passe sur le vélo : c'est raide, les pierres sont instables mais c'est un terrain dont j'ai plus l'habitude. J'arrive très tôt à Castellane, le temps de faire une lessive et de me reposer. Je retrouve la civilisation avec des touristes et des motards.

 

Castellane - Aiglun

Il fait très froid en partant ce matin, je devrais vite me réchauffer.

Deux options pour monter les 900m de dénivelée jusqu'au stade de neige de Vauplane : par le GR ou par la route. Pour avoir fait le GR à pied dans l'autre sens quelques mois plus tôt, je sens que ca va être un portage conséquent. Ma résolution est prise, ca sera le bitume. Du stade de neige, descente très technique, puis succession de montées-descentes pas roulantes du tout. Arrivée à Saint-Auban par la Clue par la route taillée dans la roche. Montée très tranquille et à l'ombre au col de Baratus pour rejoindre Gars.

Avant de basculer vers Aiglun et sa clue célèbre des grimpeurs, une grosse montée avec un bon portage. La descente est assez engagée mais ca passe globalement bien, un dernier ressaut permet d'arriver à Aiglun, village minuscule, je suis étonné d'y trouver une auberge.


Aiglun au fond en bas


Aiglun

Aiglun - Nice

Pour la dernière étape, je dois partir tôt pour ne pas rater mon train à Nice. A 7h15, je pédale déjà sur la route. Peu après, un sentier s'engage au milieu d'anciens jardins en terrasse. En plus du caractère historique, le sentier est superbe. De Roquestron, une bonne piste me monte de 500m jusqu'au Pous. Quelques hectomètres plus loin ca se gâte sérieusement : un gros portage de presque 2h pour 600m de dénivelée. Quel beau chemin... mais à pied. Quelle idée de vouloir le faire à vélo.


Récompense : vue sur le Mercantour

Au col de Coursegoules, la descente emprunte un sentier muletier très cassant : grosses marches, épingles et souvent les deux en même temps.


Sentier muletier dans la descente du col de Coursegoules

Après un petit répit, les hostilités continuent avec la descente du ravin de Cagnes : tout un programme.

Une fois en bas, ce n'est pas une surprise, il faut remonter. Le soleil est bien haut dans le ciel et la piste en plein soleil me donne une bonne suée et ma gourde est presque vide. Je suis motivé par mon horaire à respecter et par le fait que c'est la dernière montée (sur le papier). La réalité est un peu différente car il reste encore des portions de portage avant d'entamer la dernière descente sur Nice 1000 m plus bas. A Saint-Jeannet, je rejoins par la route le Var et de là un chemin suit le fleuve jusqu'à Nice. Après 8 jours en marge de la civilisation, le contraste avec la promenade des Anglais est saisissant. Le temps de profiter de cet instant et je vais prendre le train. Je ne réalise pas encore bien que c'est fini.


Promenade des Anglais

 

En guise de conclusion, c'est un très beau raid avec certaines portions discutables. Pousser le vélo pendant 2 heures juste pour faire une belle descente, c'est pas mon truc.

Les pneus équipés de Kevlar n'ont pas crevés, et au vu des endroits épineux traversés, je pense que c'est quasiment indispensable.

Les montées sont sévères et longues. Les descentes sont techniques.

D'ailleurs, j'ai joué la prudence et n'ai pris aucun risque dès que cela devenait trop exposé.

Pour en avoir discuté avec plusieurs personnes, la meilleure période pour faire ce raid est en septembre/octobre : en début de saison, il peut y avoir encore de la neige et en été, il fait vraiment trop chaud.

Je n'ai pas bien compris comment étaient calculés les horaires des étapes : j'ai l'impression que les portages ne sont pas inclus et qu'il est juste comptabilisé le temps sur le vélo : pour les journées avec 2h de portage, c'est important !


Si ce raid vous tente, partez légers et bien affûtés.

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