Re: Parc national de la Vanoise
Publié : 11 septembre 2015, 20:59
Bonjour,
je souhaite apporter quelques précisions concernant la charte et le votes des élus.
Après 40 ans de vie citadine, j'habite moi-même depuis peu dans une commune de la zone périphérique du parc de la Vanoise (zone optimale d'adhésion).
Je vais essayer d'expliquer en quelques points une situation qui est beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. En effet, il serait simple de croire que les défenseurs de la charte sont des "pro-nature" et les opposants des "anti-nature". C'est malheureusement complètement faux.
1. La charte
Etre contre la charte ce n'est pas être contre le Parc. Je suis moi-même pour que le coeur du parc soit strictement protégé.
En revanche, je pense que le parc ne doit pas s’immiscer dans des décisions qui relèvent de conseils municipaux et d'élus de la république.
Il faut avoir lu la charte pour s'en faire une opinion. Après avoir été sollicité à plusieurs reprises pour me prononcer je me suis attelé à cette tâche.
Sans juger entièrement le fond (je ne me sens pas capable de résumer 244 pages en un article), sur la forme cette charte est très surprenante.
En la signant, les communes "S’engage a mettre en cohérence les activités projetées sur son territoire avec le projet de territoire défini par la charte et à prendre en compte les impacts notables de celles-ci sur le patrimoine du cœur du parc".
Hors, la charte ne définit que des orientations. Les réglementations ne viendront que plus tard.
La signer, c'est s'engager à respecter des règles qui ne sont par encore définies.
Je comprends la réticence des municipalités à signer cette charte. Je ne l'aurais moi-même pas acceptée.
2. Relations entre le Parc et les habitants locaux
Le parc a été construit en grande partie sur des terrains privés ou communaux qui le sont restés. Les réglementations se sont alourdies avec le temps, créant un climat de tension entre le parc et ceux qui y vivent et y travaillent.
A titre d'exemple, certains alpagistes (éleveurs de bovins et ovins en alpage) sont excédés de voir leurs demandes de travaux d'aménagement ou d'entretien régulièrement rejetées par le parc. Certains vivent 3 mois par an en alpage dans des conditions de logement parfois très vétustes et ne peuvent pas rénover un toit ou agrandir une fenêtre même en respectant les méthodes traditionnelles de construction. D'autres ne peuvent profiter d'un chalet d'alpage hérité de leurs ancêtres par manque d'autorisation pour circuler dans le parc ou d'autorisation pour y amener leur animal de compagnie qui est aussi chien de secours en montagne. D'autres, en dehors du parc, voient leurs travaux autorisés par la préfecture interrompus par les gardes du parc au prétexte qu'une plante nationalement protégée mais localement très abondante y pousse.
Il faut dire que les gardes du parc, en plus de leur rôle dans le coeur du parc, ont une mission de police de la chasse, de la pêche et de la nature dans la zone périphérique. Ce double rôle crée une confusion et accentue les tensions possibles avec le habitants et entretient un climat de méfiance.
3. L'exemplarité du Parc
Le parc, en plus de son rôle de préservation a également un rôle d'éducation et de répression des infractions.
Le rôle répressif semble malheureusement exagéré et exacerbé au détriment de l'éducatif. Il est courant que des infractions "mineures" donnent lieu à procès verbaux: 2 sauterelles ramassées par des pêcheurs, survol bref du parc en parapente ou planeur, cueillette de myrtilles en bordure de parc, chien non autorisé dans un véhicule (je précise bien que le chien était dans la voiture).
Aux vues de l'attitude répressive ou tout du moins très stricte du parc nous pourrions nous attendre à un comportement exemplaire des ses agents et de sa direction sur le terrain mais cette exemplarité est régulièrement mise à mal à la fois par une circulation intempestive en 4x4 polluants de la part des agents du parc et par les projets de construction du parc lui-même.
L'inauguration du refuge de l'arpont le 2 Septembre 2014 en est un exemple. Alors que des règles extrêmement strictes encadrent l'aménagement de chalets d'alpage privés, le parc a décidé de construire un refuge "résolument moderne" (dixit le parc: http://www.vanoise-parcnational.fr/fr/l ... noise.html) à l'arpont, au dessus de Termignon. La construction de ce refuge a nécessité 2.500 rotations d'hélicoptère. Oui vous avez bien lu, 2.500 rotations!!! (chiffre confirmé par le directeur du parc)
Au moment même de la construction, les gardes continuaient à scruter les cimes pour sanctionner tout vol en parapente ou planeur qui pourrait déranger la faune. L'origine des pierres ayant servi à l'édifice n'apparaît dans aucun document officiel mais leur aspect semble confirmer une provenance lointaine, ce qui serait un comble pour un chantier dit éco-responsable.
4. Comparaison
Je randonne régulièrement dans le parc et en dehors de celui-ci en Maurienne. J'ai néanmoins une préférence pour l'extérieur du parc car cela me permet d'être accompagné de mon chien. Le Parc est bien.entendu magnifique mais les zones périphériques, bien qu'officiellement non protégées, n'ont rien à lui envier. La Faune (marmottes, hermines, bouquetins, chamois, sangliers, gypaete, ...) y est également très présente et les chemins sont souvent moins fréquentés que dans le parc. C'est pour moi la preuve que les générations passées ont su préserver un environnement naturel exceptionnel. Je vous encourage à venir le constater par vous-même entre Bramans, Termignon, Bessans et Bonneval.
Je n'ai pas d'étiquette écologiste, je ne suis pas chasseur, j'aime la nature, j'adore la montagne, je soutiens le parc dans ses limites actuelles,
je suis contre la charte.
Roic
je souhaite apporter quelques précisions concernant la charte et le votes des élus.
Après 40 ans de vie citadine, j'habite moi-même depuis peu dans une commune de la zone périphérique du parc de la Vanoise (zone optimale d'adhésion).
Je vais essayer d'expliquer en quelques points une situation qui est beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. En effet, il serait simple de croire que les défenseurs de la charte sont des "pro-nature" et les opposants des "anti-nature". C'est malheureusement complètement faux.
1. La charte
Etre contre la charte ce n'est pas être contre le Parc. Je suis moi-même pour que le coeur du parc soit strictement protégé.
En revanche, je pense que le parc ne doit pas s’immiscer dans des décisions qui relèvent de conseils municipaux et d'élus de la république.
Il faut avoir lu la charte pour s'en faire une opinion. Après avoir été sollicité à plusieurs reprises pour me prononcer je me suis attelé à cette tâche.
Sans juger entièrement le fond (je ne me sens pas capable de résumer 244 pages en un article), sur la forme cette charte est très surprenante.
En la signant, les communes "S’engage a mettre en cohérence les activités projetées sur son territoire avec le projet de territoire défini par la charte et à prendre en compte les impacts notables de celles-ci sur le patrimoine du cœur du parc".
Hors, la charte ne définit que des orientations. Les réglementations ne viendront que plus tard.
La signer, c'est s'engager à respecter des règles qui ne sont par encore définies.
Je comprends la réticence des municipalités à signer cette charte. Je ne l'aurais moi-même pas acceptée.
2. Relations entre le Parc et les habitants locaux
Le parc a été construit en grande partie sur des terrains privés ou communaux qui le sont restés. Les réglementations se sont alourdies avec le temps, créant un climat de tension entre le parc et ceux qui y vivent et y travaillent.
A titre d'exemple, certains alpagistes (éleveurs de bovins et ovins en alpage) sont excédés de voir leurs demandes de travaux d'aménagement ou d'entretien régulièrement rejetées par le parc. Certains vivent 3 mois par an en alpage dans des conditions de logement parfois très vétustes et ne peuvent pas rénover un toit ou agrandir une fenêtre même en respectant les méthodes traditionnelles de construction. D'autres ne peuvent profiter d'un chalet d'alpage hérité de leurs ancêtres par manque d'autorisation pour circuler dans le parc ou d'autorisation pour y amener leur animal de compagnie qui est aussi chien de secours en montagne. D'autres, en dehors du parc, voient leurs travaux autorisés par la préfecture interrompus par les gardes du parc au prétexte qu'une plante nationalement protégée mais localement très abondante y pousse.
Il faut dire que les gardes du parc, en plus de leur rôle dans le coeur du parc, ont une mission de police de la chasse, de la pêche et de la nature dans la zone périphérique. Ce double rôle crée une confusion et accentue les tensions possibles avec le habitants et entretient un climat de méfiance.
3. L'exemplarité du Parc
Le parc, en plus de son rôle de préservation a également un rôle d'éducation et de répression des infractions.
Le rôle répressif semble malheureusement exagéré et exacerbé au détriment de l'éducatif. Il est courant que des infractions "mineures" donnent lieu à procès verbaux: 2 sauterelles ramassées par des pêcheurs, survol bref du parc en parapente ou planeur, cueillette de myrtilles en bordure de parc, chien non autorisé dans un véhicule (je précise bien que le chien était dans la voiture).
Aux vues de l'attitude répressive ou tout du moins très stricte du parc nous pourrions nous attendre à un comportement exemplaire des ses agents et de sa direction sur le terrain mais cette exemplarité est régulièrement mise à mal à la fois par une circulation intempestive en 4x4 polluants de la part des agents du parc et par les projets de construction du parc lui-même.
L'inauguration du refuge de l'arpont le 2 Septembre 2014 en est un exemple. Alors que des règles extrêmement strictes encadrent l'aménagement de chalets d'alpage privés, le parc a décidé de construire un refuge "résolument moderne" (dixit le parc: http://www.vanoise-parcnational.fr/fr/l ... noise.html) à l'arpont, au dessus de Termignon. La construction de ce refuge a nécessité 2.500 rotations d'hélicoptère. Oui vous avez bien lu, 2.500 rotations!!! (chiffre confirmé par le directeur du parc)
Au moment même de la construction, les gardes continuaient à scruter les cimes pour sanctionner tout vol en parapente ou planeur qui pourrait déranger la faune. L'origine des pierres ayant servi à l'édifice n'apparaît dans aucun document officiel mais leur aspect semble confirmer une provenance lointaine, ce qui serait un comble pour un chantier dit éco-responsable.
4. Comparaison
Je randonne régulièrement dans le parc et en dehors de celui-ci en Maurienne. J'ai néanmoins une préférence pour l'extérieur du parc car cela me permet d'être accompagné de mon chien. Le Parc est bien.entendu magnifique mais les zones périphériques, bien qu'officiellement non protégées, n'ont rien à lui envier. La Faune (marmottes, hermines, bouquetins, chamois, sangliers, gypaete, ...) y est également très présente et les chemins sont souvent moins fréquentés que dans le parc. C'est pour moi la preuve que les générations passées ont su préserver un environnement naturel exceptionnel. Je vous encourage à venir le constater par vous-même entre Bramans, Termignon, Bessans et Bonneval.
Je n'ai pas d'étiquette écologiste, je ne suis pas chasseur, j'aime la nature, j'adore la montagne, je soutiens le parc dans ses limites actuelles,
je suis contre la charte.
Roic