voici un p'tit compte rendu de cette marche.
Au programme: 100 km et 3000m mètres de dénivelé (contre 2500 l'an dernier).
Cette année, je l'ai fait en un peu plus de 23 heures soit quasiment 3H de mieux que l'an passé.
Contrairement au Tour de la Thur qui est une marche à allure libre, sans assistance, l'organisation est différente:
- Le parcours est divisé en 4 boucles de 25km.
- Les 75 premiers kilomètres sont guidés et accompagnés par des représentants du CAF Dijon.
- les 25 derniers kilomètres sont à allure libre.
- Pause de 45 minutes obligatoires tous les 25 km dans une école ou gymnase (donc au sec et au chaud) avec ravitos complets et en quantité suffisante : soupe au vermicelle, bananes entières, pain, fruit et yaourt, café, jus de fruit. Bref, un régal!
- Assistance logistique: transport des bagages à chaque ravitaillement ce qui fait que l'on marche léger avec l'essentiel.
- au 75ème km : secouristes de la protection civile.
- A l'arrivée: remise de diplôme et cette année, une bouteille de Côte de Bourgogne 2013 (sachant qu'on est à Nuits Saint Georges et à côté de Gevrey Chambertin, ça compte!!!!).
Bémol: durant les trois premières boucles, l'organisation impose le rythme (moyenne de 4,5kmh) et le nombre de pauses courtes (10 mn maxi).
Cette année, nous étions 50 au départ dont une majorité de traileurs locaux qui préparaient la Saintélyon et qui ont déjà fait cette marche auparavant.
Dès le début, j'avais aperçu un marcheur qui me regardait de temps en temps avec insistance.
Bizarrement, sa tête me disait quelque chose mais j'étais incapable de savoir pourquoi.
En fait, plus tard, en discutant, il m’apprend qu'il aime les marches longues distances et a fait le Tour de la Thur 2014.
Super, un autre « Thuriste » avec moi, du coup je me suis senti moins seul, ça fait plaisir.
C'est ma seconde participation à cette marche et le parcours était identique à celui effectué l'an dernier, mais dans un ordre différent.
L'an dernier, on alternait boucles "faciles" et "difficiles".
Cette année, la difficulté était progressive avec 900 mètres de dénivelé sur la dernière partie.
Nous avons effectué la 1ère partie sous le soleil et la chaleur avec un départ à un rythme rapide, environ 6km/h de moyenne mais 1 pause par heure.
L'ambiance est bonne, on profite de l'euphorie du départ, on discute, on se raconte nos expériences, ça parle fort, tout va bien.
Il y a quand même quelques pointures parmi les traileurs: beaucoup ont déjà fait la Saintélyon, trois ou quatre l'UTMB et une organisatrice, qui a vécu quelques années à la Réunion, compte 6 diagonales des Fous (160km et 10 000 mètres de dénivelés!!!) à son actif !
Moi, avec mes 2 Tours de la Thur et un brevet du randonneur bourguignon, je suis une bleusaille.
Dès la seconde boucle, la pluie commence à tomber par intermittence.
La difficulté augmente avec un dénivelé plus important et un nombre de pauses réduit (4 en tout), ce qui n’est pas plus mal.
La nuit est tombée.
Par moment, on sent une odeur de vin (ce qui est bien agréable, ma foi) quand on traverse certains villages.
Eh oui, ça a du bon, les vendanges.
Cette partie se déroulera tranquillement pour moi, donc tout va bien.
C'est à partir de la 3è boucle que les difficultés commencent.
On a déjà 50 km et au moins 12h de marche dans les pattes, la fatigue commence à se faire sentir.
Il est plus de 2h du mat’, on sort d'un arrêt imposé de 45 minutes, il fait nuit et frais, il pleut, les muscles sont un peu engourdis.
2 marcheurs abandonnent : l’un à une cuisse tétanisée, l’autre des ampoules énormes aux deux pieds.
De mon point de vue, c’est la partie la plus dure car c'est le moment ou le mental va commencer à prendre le relais sur le physique.
Contrairement à la première moitié du parcours, cette boucle m’a semblé durer une éternité.
Comme l’an dernier, j’ai ressenti une baisse de morale entre 3H et 6H du matin: l’euphorie du départ s’est envolée, j’en ai marre, je n’ai plus envie d’avancer, je regarde ma montre toutes les 20 minutes espérant que le temps s’écoule plus vite (mais non, hélas), la nature est silencieuse, il fait nuit noir, j’ai mal au pieds, en plus il pleut, je n’ai plus de jus, je me mets dans mon coin, je m’isole, j’avance en mode robot.
Mon seul réconfort est de constater que je suis loin d’être le seul dans ce cas.
C’est lorsque le jour se lève après 6H et que j’entends les oiseaux chanter que le moral revient et la fatigue s’envole.
C’est quand même dingue : on peut avoir le moral dans les chaussettes et il suffit d’un petit rien pour que ça reparte.
Le prochain ravito est pourtant dans 2 heures et je vais enfin pouvoir manger mon gâteau énergétique au chocolat (Overstims) qui m’attend bien sagement dans mon sac depuis la veille.
Rien que d’y penser, je salive.
Arrivé au 75è km, je sais que je terminerais cette marche, parce que je n’aime pas l’échec, parce que le plus dur est accompli, parce que la pluie a cessé, parce que mes pieds sont en parfait état, ce serait donc trop con d’abandonner maintenant.
En 2013, j’avais marché avec une seule paire de chaussure, des trail running en gore tex.
Il avait plu dés le départ et je commençais à avoir des ampoules au pieds vers le 40è km (à peu près 09h de marche).
Au 75è km, 3 ampoules au pied droit et 2 autres au pied gauche, sans compter qu’avec la transpiration, la peau était fripée comme si j’avais passé plusieurs heures dans l’eau.
J’avais pourtant changé de chaussettes à chaque ravitaillement mais ça n’avait pas suffi.
J’avais donc fini cette épreuve dans la douleur car dans les derniers 25 km, ma marche ressemblait à celle d’un petit vieux.
Bref, cette année, j’ai appliqué ce que j'appelle la méthode Bascou (du nom d’Arnaud Bascou, traileur bien connu au CAF IDF) : j’avais apporté 2 paires de chaussures changées tous les 25 km.
En ajoutant à ça de l'elasto appliqué en préventif sur les endroits sensibles, je n'ai eu aucunes ampoules durant tout le parcours.
Les abandons se succèdent :
- l’un a le genou enflé et devra abandonner (alors qu’il a fait 2 fois la Saintélyon ).
- un autre, équipé de la panoplie du parfait traileur version Salomon de la tête au pied, et qui parlait haut et fort dès le départ est bourré d’ampoules. (pire que moi l’an dernier).
Comme quoi, quelque soit son niveau, il faut savoir reste humble.
L’organisation, après avoir consulté la météo, affirme que la pluie ne rependra pas avant 15h mais les nuages gris foncés au loin ne m’inspirent pas confiance.
Il est 09h du matin, j’ai avalé ou plutôt dévoré la moitié de mon gâteau, le moral regonflé à bloc (le ventre plein donc) et c'est avec 2 traileurs sympathiques vêtus chacun de notre coupe vent (quand d'autres sont en mode touriste avec un tee-shirt) que nous repartons en mode fast hiking.
C’est à 10h passée que des trombes d’eau se mettent à tomber et cela sans discontinuer jusqu’à l’arrivée (un peu plus de 12h).
Puisque le rythme est libre, nous effectuerons cette partie moitié en marchant, moitié en courant.
Nous arriverons donc extenués sous une pluie battante, trempés mais heureux et soulagés.
Je retire de cette épreuve beaucoup de plaisir bien que la souffrance ait été au rendez-vous.
Puisque le CAF Dijon change de lieu tous les 3 ans, la prochaine marche se déroulera dans un lieu différent, toujours à côté de Dijon, mais tout aussi vallonné.
Bref, rendez-vous donc est pris pour 2015.
Si d’autres marcheurs souhaitent y participer, n’hésitez pas à me faire signe.
D’ici là, à bientôt.
Riton.