Décès d'Ueli Steck au Nuptse

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JFM
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Décès d'Ueli Steck au Nuptse

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Dans "Le MONDE" du 30.04.2017, cet article de Patricia Jolly commentant le décès Ueli Steck: "la Machine suisse, a trouvé la mort dans l’Himalaya"
Mais aucun être humain ne saurait être qualifié de "machine". Vous vous égarez Patricia sur les pentes incertaines de certains tenants de l'homme augmenté.


"Il y a trois semaines, Ueli Steck nous décrivait son dernier projet d’ascension... Fin mai, au Népal, l’alpiniste suisse devait tenter d’enchaîner, en quarante-huit heures et sans oxygène, l’ascension de l’Everest, et celle du quatrième plus haut sommet du globe, le Lhotse, séparés par le col Sud situé à près de 8.000 m.
L’aventure a tourné court, dimanche 30 avril, vers 10 heures du matin, quand le Suisse âgé de 40 ans a dévissé entre les camps I et II du Nuptse, un sommet satellite du mont Everest, faisant une chute mortelle de 1.000 m lors d’une ascension d’acclimatation. Charpentier de formation, né le 4 octobre 1976 à Langnau Im Emmental, à l’est de Berne, Ueli avait été initié à la montagne à l’âge de 12 ans par un ami de son père. Moins de six ans plus tard, il gravissait la célèbre face nord de l’Eiger et consacrait tout son temps libre à l’alpinisme: face nord du Cervin, de l’Eiger, des Grandes Jorasses… Steck s’est rapidement fait une spécialité des records de vitesse en solo. Les sponsors l’ont suivi, lui permettant de passer des Alpes à l’Himalaya il y a une dizaine d’années. Il avait déjà gravi l’Everest en 2012 ainsi que plusieurs autres sommets himalayens de plus de 8.000 m.
Début 2014 pourtant, ce grimpeur atypique qui s’attaquait aux sommets comme on aborde une discipline olympique chronométrée et s’entraînait comme un coureur de grand fond, avec préparateurs physique et mental, confiait au Monde que les feux de la rampe lui avaient ôté une certaine insouciance. L’homme suscitait des jalousies qu’il s’efforçait d’accepter. Ses détracteurs lui reprochaient, pour une poignée d’ascensions, l’absence de témoins oculaires, des pannes d’appareil photo ou d’altimètre, l’oubli de brancher son GPS Caillassé au cours d’une rixe aux torts partagés avec des sherpas sur les flancs de l’Everest au printemps 2013, Ueli Steck, qui reconnaissait que grimper sur les montagnes n’apporte rien à l’humanité, avait vécu un syndrome d’épuisement professionnel. Il l’avait soigné en se remobilisant sur un objectif d’exception. A l’automne 2013, il avait réalisé une première en gravissant en solo et en vingt-huit heures la face sud de l’Annapurna... En 2015, il avait réalisé l’ascension des 82 sommets de plus de 4.000 m dans les Alpes en ralliant les départs d’ascension à pied, à vélo ou en parapente. Un défi bouclé en soixante-deux jours, confirmant son surnom de Machine suisse qu’il détestait...
La disparition d’Ueli Steck survient alors qu’une partie du milieu de la montagne avait ravivé la controverse sur l’authenticité de certaines de ses performances. Les organisateurs des Piolets d’or qui lui avaient remis un trophée en 2014 pour son solo de 2013 à l’Annapurna, lui ont adressé, fin mars, un rapport faisant état de doutes sur son record et sur un autre au Shishapangma remontant à 2011. Au programme de leurs rencontres annuelles organisées à Grenoble, mi-avril, figurait un forum consacré à la preuve dans les ascensions en montagne. Ueli Steck n’avait pas jugé urgent d’aller s’y défendre. Je ne peux pas remettre mon départ en expédition et perdre une semaine d’acclimatation pour entrer dans une partie de ping-pong sans fin avec ceux qui ne me croient pas, avait-il expliqué au Monde à la veille d’embarquer pour le Népal. Le Suisse répétait que l’échec n’est pas de renoncer à une ascension, mais de s’y blesser ou d’y perdre la vie."
"Patricia Jolly, Journaliste au Monde"
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