Le sport intensif, facteur de risque de la maladie de Charcot ?

JFM
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Le sport intensif, facteur de risque de la maladie de Charcot ?

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Dans "Le Monde" cet article de la journaliste Sandrine Cabut qui interpelle sur l’innocuité de nos pratiques sportives...

Le sport intensif, facteur de risque de la maladie de Charcot ?
Dix mille pas et plus
Ne nous savonnons pas la planche, la présente chronique ne remet pas en cause les bénéfices multiples de l'activité physique pour la santé. Mais le meilleur des médicaments a, comme tous les autres, de potentiels effets indésirables dont il faut bien discuter. En l'espèce, un sujet taraude les scientifiques depuis des décennies : le sport, et en particulier sa pratique intensive, est-il un facteur de risque de sclérose latérale amyotrophique (SLA) ? La question est d'autant plus délicate que cette affection dégénérative des motoneurones, aussi appelée maladie de Charcot, est rare – elle touche de cinq à huit personnes pour 100 000 –, mais grave. Elle se traduit par une paralysie progressive du corps avec fonte musculaire, conduisant à une grande dépendance.
L'hypothèse d'un lien entre sport et SLA a d'abord été soulevée en raison de cas chez des champions de plusieurs disciplines sportives. Le premier, et l'un de ceux qui ont le plus marqué les esprits, est celui du joueur de base-ball américain Lou Gehrig, décédé des suites d'une SLA en 1941, à 37 ans. Il a d'ailleurs laissé son nom à cette affection, baptisée maladie de Lou Gehrig en Amérique du Nord. Depuis, d'autres exemples ont été médiatisés, et plusieurs études ont été conduites. En scrutant une cohorte de plus de 7 300 footballeurs professionnels, en activité entre 1970 et 2000 en Italie, des chercheurs de l'université de Pavie ont retrouvé un taux de SLA 6,5 fois plus élevé que dans la population générale. Le risque de SLA augmentait avec la durée de la carrière professionnelle, soulignait l'article (Brain, 2005). Cette étude a cependant été critiquée, et d'autres recherches n'ont pas confirmé cet excès de risque.
L'étude d'un consortium européen, parue le 23 avril dans le Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry apporte de nouveaux éléments au débat. Elle a porté sur 1 557 patients avec SLA, comparés en termes de mode de vie à 2 922 sujets contrôles. Concernant l'activité physique (AP), le questionnaire a différencié les pratiques de loisir de celles en milieu professionnel. L'intensité a été estimée en équivalent métabolique ou MET.
Anne Visser (université d'Utrecht, Pays-Bas) et ses collègues concluent à un excès de risque de SLA associé à l'activité physique de 6 % dans le cadre des loisirs, et 7 % en milieu de travail. Ce risque croît de façon linéaire avec l'intensité de l'AP. " C'est la première étude avec la qualité méthodologique nécessaire pour répondre à la question du lien entre SLA et activité physique, commente le professeur Gwendal Le Masson, directeur du centre de référence SLA de Bordeaux. L'excès de risque observé est assez minime, 6 %, et n'a pas de conséquences diagnostiques pratiques, mais il se transforme en 26 % si l'on compare les plus actifs aux moins actifs. " Selon ce neurologue et chercheur, l'association pourrait être en rapport avec une particularité des neurones moteurs, gros consommateurs de glucose et d'oxygène, et très vulnérables au stress énergétique lié à l'effort.
Pour le docteur François Salachas, spécialiste des maladies du motoneurone (Pitié- Salpêtrière, AP-HP), la question n'est pas résolue. " C'est une étude sérieuse, qui a eu le mérite de quantifier l'activité physique par les MET, mais cela reste des données rétrospectives. Pour trancher ce débat, il faudrait un suivi de cohorte d'une population, avec un recours au big data ", estime-t-il.
En 2010, les travaux de neuropathologistes américains avaient, eux, suggéré que l'atteinte dégénérative des motoneurones pourrait être déclenchée par des traumatismes crâniens répétés. Ce mécanisme pourrait-il avoir été à l'œuvre chez Lou Gehrig ? Personne ne pourra jamais le vérifier, le champion de -base-ball ayant été incinéré.
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