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Grande Traversée du Jura : La GTJ en pas de patineur ?

Par Bernadette P.

La première fois que je suis partie faire la GTJ, la question ne se posait même pas : skis classiques d'alternatif, sac à dos "moyen" et équipement de randonneur à ski. Mais cette première tentative s'est de toute façon terminée à Mouthe, faute de neige, car alors, bien qu'en plein mois de février, on pouvait pique-niquer au sec à la Source du Doubs. La ville la plus froide de France et ses légendaires – 40 ° C, n'étaient pas au rendez-vous !
Mais depuis la technique a évoluée et je me demandais si on pouvait parcourir intégralement la GTJ en pas de patineur ou "skating". Et bien la réponse est OUI, avec cependant quelques réserves liées aux conditions et qui font, entre autres, l'objet de cet article.

Neige et pistes :
Renseignements pris auprès des "lyonnais", qui se reconnaîtront sans doute, la partie qui peut poser le plus de problème est celle située entre le Chauffaud et le haut des Verrières-de-Joux vers le Tillau, endroit où l'on rejoint les pistes tracées des Fourgs. Après, de domaine en domaine, le parcours reste de bien à très bien damé et tracé, excepté entre Chalet Neuf et Villedieu-les-Mouthe pour une descente en forêt tracée par motoneige …)

Donc première condition si vous voulez-vous y lancer en skating : des bonnes conditions de neige. C’est nécessaire puisque les skis sont légers et sans système anti-recul. Trop peu de neige vous obligera à passer plusieurs tronçons à pied : descente et remontée des Verrières-de-Joux, la montée de Métabief vers le Mont d'Or et la rude descente forestière sur Mouthe. Mais trop de neige sera pénible car le pas de patineur n’est pas adapté à la poudreuse. Il n'est pas dit que ce soit damé dans le secteur un peu sauvage et frontalier entre le Chauffaud et les Cernets au pied du Mont Chateleu, de toute façon le damage y est plus irrégulier.



Equipement :
Les conditions nivologiques adéquates étant remplies pour votre départ, il vous reste à vous équiper : certes avec des skis de patinage puisque tel est l'objectif mais aussi avec des minis peaux de phoque qui vous permettront de faire les doigts dans le nez, les plus redoutables côtes du parcours, surtout celles du début, et même si, comme moi, la paresse vous gagne, celle du Risoux en vous reposant !

Par ailleurs le sac : il est évident que contrairement à un randonneur en technique classique, celui-ci risque de vous gêner davantage, il risque de ballotter avec l'élan inhérent au mouvement de patinage, il faut donc qu'il soit très léger, il faut le restreindre au maximum, 
6 kg, 6 kg 500 maximum et bien sûr avoir une sangle, voire deux, pour le tenir contre le dos. Malgré tout les frottements dus à son mouvement ne sont pas exclus ! Gare aux coutures du tee-shirt … Pour être sûr d'atteindre cette légèreté, il est nécessaire de jouer la carte de la superposition avec des vêtements de type "course à pied" et de limiter le rechange à une seule chemise et paire de chaussettes, et si vous partez à plusieurs ne pas hésiter à partager le dentifrice … à part le sac à viande (en soie) il n'y a rien de vraiment indispensable pour les gîtes nombreux et confortables qui jalonnent le parcours.

Malgré tout on ne peut faire l'impasse sur des nourritures énergétiques et un vêtement chaud, léger et compressible que l'on puisse enfiler par dessus tout le reste. Car attention malgré les quelques hivers doux qu'il y a de temps en temps, il est fréquent d'avoir – 25° C dans le Jura, particulièrement dans les creux et les Combes où l'inversion thermique maintient l'air froid.

Etapes :
Quelles étapes ? Cela dépend des skieurs, de la condition physique de chacun et du temps que l'on souhaite y consacrer mais de toute façon c'est un parcours pour lequel il faut être entraîné auparavant et pour lequel il faut se connaître. C'est par la connaissance de ses capacités que l'on peut déterminer les étapes. Il y a beaucoup d'hébergements sur le parcours et beaucoup de combinaisons sont possibles (voir l'encadré). Il est cependant plus facile de faire des grandes étapes en pas de patineur, sac léger qu'en rythme randonneur, particulièrement si les pistes sont bien damées.

 

 

Voici à titre indicatif le découpage et les étapes effectuées en février 2004 (version sportive). Conditions : il était tombé 20 cm de neige fraîche dans la nuit et la matinée qui précédait et par ailleurs tout le parcours était skiable. Les conditions idéales ou presque !



1er jour : Le Chauffaud – Les Granges Michel (Les Cernets) 29 km.

Le Chauffaud est le point de départ officiel de la GTJ. Celui où on peut lire sur le panneau qu'il reste 176 km à parcourir … Les muscles sont encore frais et si la récente chute de neige et les zones non tracées ne ralentissaient pas la progression, ce serait une étape assez roulante et avec assez peu de dénivelés. Le secteur assez peu fréquenté qui longe la frontière franco-Suisse et passe au pied du Mont Chateleu est très agréable et sauvage. Compte tenu du trajet depuis Paris au Col des Roches on ne peut guère débuter l'étape avant 13 h, il ne faut donc pas trop traîner pour arriver avant la nuit. Le gîte des Granges Michel, tenu par des amoureux de la nature, dans une ancienne ferme comtoise est une étape de qualité que je conseille.

2ème jour : Les Granges Michel – Mouthe (La Source Du Doubs) – 49 km

Très longue étape*, même sans traîner. Partir tôt (8 h 30 au plus tard) pour ne pas faire la descente sur Mouthe de nuit. Pour raccourcir et profiter du coucher de soleil, la nuit au refuge du Gros Morond peut être une bonne solution mais c'est un autre découpage qui nécessite alors de modifier la nuit suivante et donc le reste du parcours. Cette étape est longue en raison de plusieurs difficultés et des dénivelés plus importants : elle comporte deux "grosses bosses" le Mont des Verrières et le Mont d'Or. Pour commencer on peut être obligé de mettre pied à terre pour la descente sur les Verrières, qui de toute façon n'est pas tracée et peut être verglacée compte tenu de son orientation sud. Pour la remontée en face dans la forêt, sans peaux de phoque vous serez aussi à pied de toutes façons … Plus tard, après le parking et l'affluence du ski alpin à Métabief, la première côte est parfois un mélange de cailloux et de neige, totalement impraticable en ski pendant 1 km lors de la remontée vers le Mont d'Or. Et pour finir la journée dernière difficulté, quand vous êtes bien fatigué et que la nuit tombe, il reste une descente depuis le plateau vers la Source du Doubs à Mouthe qui n'est tracée que par une motoneige donc en cas de dégel et regel nocturne, fausses traces et ornières gelées se mettront en travers de vos skis pour mieux vous faire chuter ! Au camping de la Source du Doubs, au pied de la GTJ, vous trouverez un hôtel.

* Pour conserver un découpage en quatre jours et raccourcir cette étape, il y a la solution de partir dès le matin du premier jour du Chauffaud, ce qui permet d'avancer jusqu'aux Granges Bailly et Les Fourgs, ce qui raccourcit d'autant cette journée. Cela suppose donc d'arriver la veille au soir au Chauffaud (refuge CAF)


3ème jour : De la Source du Doubs aux Rousses (45 km)

Ce jour là vous serez rapidement en terrain connu pour peu que vous soyez un habitué du Jura ou que vous ayez fait un jour la Transjurassienne : Mouthe, le Pré Poncet, la Combe des Cives, Chapelle-des-Bois, le Risoux, Bois d'Amont, Les Rousses, la musique de ces noms vous déroulera le parcours en sens inverse. Tout le secteur est bien tracé mais le vent est souvent de face, particulièrement du côté de la Petite Laponie à Bois d'Amont. Nous avons dormi aux chalet CAF des Tuffes mais il est tout de même excentré et compte tenu de l'étape assez longue il est préférable de trouver un hébergement aux Rousses même pour éviter la pénible et supplémentaire remontée vers le chalet. C'est que la fatigue commence à se faire sentir à la fin du troisième jour.
 


4ème et dernier jour : Les Rousses – Giron (50 km)

Le profil de l'étape est plutôt descendant passée la forêt du Massacre. Les combes se succèdent : Combe de Lajoux, Bellecombe et le secteur de la Pesse avec son relief dynamique nous accueille pour finir en beauté sur quelques murs bien placés … Mais arrivés au Berbois, alors commence la grande descente, facile, rapide et roulante qui, en clin d'œil, fatigué ou pas vous amène à Giron. Comte tenu du bon enneigement, nous ne retirerons les skis qu'au village même devant la porte du gîte, ce qui n'est pas toujours le cas.

Renseignements pratiques :

Pour des renseignements complémentaires, je vous renvoie à l'article de Serge Mouraret dans le Paris-Chamonix N° 152 (octobre-novembre 2001) dans lequel vous trouverez d'autres suggestions de découpage, et en particulier pour la pratiquer en style classique.

Et bien sûr à l'Espace Nordique Jurassien : 
Adresse : GTJ – Les Grandes Traversées du Jura
15 et 17 Grande Rue – 39150 Les Planches en Montagne - France

Tel. +33 (0)3 84 51 51 51 
Fax +33 (0)3 84 51 58 07
Mail : info@gtj.asso.fr     Web : www.gtj.asso.fr


 

 

 

 

Hébergements : L'association GTJ citée ci-dessus met à la disposition des randonneurs un dépliant gratuit sur les 90 hébergements de toute nature le long de ce parcours, sur simple demande.
Le guide des Gîtes d'étapes et Refuges par A et S Mouraret (Editions La Cadole) ou bien www.gites-refuges.com
A titre indicatif, voici ceux cités dans cet article (mais il y en a beaucoup d'autres) et qui correspondent à ce découpage.
- Le Chauffaud (refuge CAF au départ de la GTJ) (03.81.68.12.55)
- Aux Cernets gîte Les Granges Michel (03.81.69.43.75)
- Mouthe : La Source du Doubs (03.81.69.14.39) et Gîte Arts et Randonnée (03.81.69.21.69)
- Les Rousses/Prémanon : Les Tuffes (03.84.60.02.95) et La Grenotte (03.84.60.54.82)
- Giron : Centre Accueil Montagnard (04.50.59.81.25)

Cartographie : IGN 1/50 000 – Massif du Jura, Pays du Ski de Fond N°1 : Doubs et Jura Franco-Suisse et Massif du Jura – Pays du Ski de Fond N°2 – Ain et Jura Franco Suiisse
Le balisage est assez bon et réalisé avec des petits panneaux orange assez réguliers et visibles mais la carte est cependant nécessaire.

Accès : par le train, TGV Paris Besançon, puis changement pour la gare CFF du Col des Roches, un bus postal permet ensuite de rejoindre encore plus vite, les abords de la piste. Retour de Giron vers Bellegarde à 20 km (TGV).

Redevance ski de fond : Si vous prenez une carte pour la semaine sur un domaine, demandez l'autocollant "GTJ" qui vous évitera les problèmes en passant d'un domaine de ski à l'autre

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