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Par les chemins, les lacs et les rivières du Québec (3ème partie)

Notre voyage au Canada touche à sa fin. Nous avons déjà parcouru plus de 1200 km en voiture et sillonné à pied trois grand parcs nationaux au nord du fleuve Saint-Laurent. Il est temps maintenant de revenir vers le sud-ouest jusqu'à notre point de départ qui est la ville de Montréal.

 

Lundi 26 août

Pour passer sur la rive sud du fjord du Saguenay à partir de Tadoussac, un seul moyen : le bac, qu'on appelle ici « traversier », ou « bateau-passeur ». Le ciel est bas est gris lorsque nous attendons notre tour à l’embarcadère . Pas un seul animal aquatique en vue. En face, la falaise abrupte et sombre est percée d'une large entaille : c'est le deuxième tronçon de la route 138 qui se poursuit de l'autre côté du fjord.

En longeant le Saint-Laurent en direction de La Malbaie, un panneau vers la gauche nous intrigue : « Port-Persil ». Une petite route nous conduit vers un endroit isolé au bord du fleuve. C'est un hameau créé au XIXe siècle par des écossais qui y ont construit un minuscule port, un temple presbytérien et quelques maisons de bois.

La route principale s'écarte ensuite de la côte pour plonger à l'intérieur de la région de Charlevoix vers le parc des Hautes Gorges de la rivière Malbaie.

Au passage, un petit musée atypique : le musée de la drave. Monsieur Robert Gaudreau est un personnage haut en couleur . Il nous conte avec passion le métier de draveur qu'il a exercé pendant 25 ans. Il s'agissait de faire descendre les billes de bois, affectueusement surnommées « pitounes », du haut de la montagne en utilisant le cours des rivières. Les nuits sur les matelas d'épinettes, les embouteillages de bois que l'on disperse à la dynamite en se protégeant la tête derrière une pitoune, l'équilibre à trouver debout sur un tronc qui dévale la rivière, voilà ce qu'était son quotidien.

Ce soir, nous dînons devant notre chambre, dans le jardin de l'auberge, en entendant résonner dans nos têtes les notes de Félix Leclerc chantant la drave au Québec :

« Sylvio danse et se déhanche

Comme les dimanches, les soirs de chance,

Remous qui hurlent, planchers qui roulent,

Parfums qui saoûlent, reste debout... »

Mardi 27 août

La dernière grande randonnée de notre séjour sera l'Acropole des Draveurs, un parcours de 800 m de dénivelé qui nous mène sur une longue crête bosselée dominant la rivière Malbaie. Terrain assez difficile au début à cause des gros blocs sur pente raide. L'itinéraire est encore une fois très balisé, en fait il n'existe qu'un seul tracé de chemin, impossible de se tromper, c'est pourquoi personne n'emporte de carte. Il y a du monde à la descente comme à la montée, tous âges, toutes nationalités.

«  Vous enclenchez ben un couple de jeunes » nous lance un autochtone, et devant notre air ébahi, il traduit : « Y a bien des jeunes qui ne font pas ce que vous faites » !

C'était la randonnée sur laquelle s'exerçaient les draveurs autrefois pour « devenir bien forts » comme nous l'a expliqué notre ami Robert hier. D'ailleurs, nous retournons le voir ce soir car quelques questions nous tournent encore dans la tête.

Nous apprenons que les hommes dormaient dans une grande tente, ils avaient un cuisinier pour une équipe d'environ 50 personnes. Un chef draveur les envoyait le matin plus haut ou plus bas sur la rivière et ils revenaient le soir au campement. Parfois, l'on déménageait avec tout le matériel selon la position des troncs à guider. Un barrage permettait de faire monter le niveau de l'eau en amont pour faire flotter le bois, et puis on emmenait les pitounes jusqu'aux rapides. Ensuite, les ouvriers de l'usine de papier située juste en aval prenaient le relais.

Mercredi 28 août

Aujourd'hui sera le jour de notre retour à la vie citadine.

En route, nous avons la chance de visiter une cabane à sucre. En fait, c'est un magasin de produits fabriqués avec du sirop d'érable. La patronne nous en explique la récolte :

Il existe cinq sortes d'érables, mais seuls les érables dits « à sucre » donnent une sève consommable qui s'appelle l'eau d'érable. La récolte se fait en trois semaines environ pendant les mois de mars ou avril, au moment de la montée de sève du printemps dans les arbres. On perce l'arbre avec un vilebrequin, on insère dans l'entaille un chalumeau et on recueille l'eau d'érable dans un seau (appelé « chaudière »). Quand la sève devient sombre, il faut arrêter car le goût en est amer. On fait ensuite bouillir le liquide obtenu dont l'eau s'évapore et c'est ainsi que l'on obtient un sirop de la consistance d'un miel très liquide.

Peu avant l'arrivée à Québec, les puissantes chutes de Montmorency déversent l'eau de la rivière Montmorency dans le fleuve Saint-Laurent. Des escaliers métalliques et un pont suspendu permettent d'observer le site sous différents angles. Mais cet endroit ne nous dit rien qui vaille, trop de touristes s'y bousculent, nous nous sentons craintifs et sauvages comme des coureurs des bois reprenant brusquement contact avec la civilisation...

En fin d'après-midi, nous faisons notre entrée dans Québec après un travail de groupe particulièrement efficace pour repérer l'endroit où se trouve l'auberge de jeunesse.

Jeudi 29 août

Québec, c'est indéniable, avec ses fortifications, ses vieilles ruelles pavées et sa situation au fond de l'estuaire du Saint-Laurent, a un petit air de Saint-Malo.

Son nom viendrait d'un mot algonquin signifiant « là où le fleuve se resserre ».

Le château Frontenac est un imposant hôtel de la fin du XIXe siècle qui est vite devenu le symbole de la ville. Sa toiture en cuivre à forte pente percée de lucarnes, ses tours massives, ses tourelles circulaires sont à l'origine du « style château » qui a fait florès en Amérique du nord.

A Québec se trouvent plusieurs musées très intéressants retraçant la conquête du Canada. Les premiers colons étaient des aristocrates ruinés, des religieux catholiques, des commerçants, de petites gens cherchant à s'établir..., tous ceux-là vont devenir, comme on dit ici, des « coureurs des bois » et vont créer le Canada. C'est grâce à leur amitié avec les indiens, qui leur procurèrent de précieuses indications géographiques, qu'ils parvinrent à explorer ces nouvelles terres. Quant aux indiens, il en reste environ 80 000 dans toute la province du Québec. Certains sont intégrés et devenus citadins, d'autres vivent dans des réserves, quelques-uns sont même encore nomades.

En soirée, nous allons applaudir une représentation du Cirque du Soleil, spectacle gratuit et en plein air de grande qualité.

Vendredi 30 août

Retour à Montréal par l'autoroute qui longe le Saint-Laurent sur sa rive sud.

De prime abord, on plonge dans une grande ville américaine typique, avec son réseau d'autoroutes qui enlacent des gratte-ciel de verre. Mais en s'y promenant, Montréal s'apparente plutôt à un assemblage de quartiers ayant chacun son atmosphère particulière. Ici, les américains se croient en Europe et les européens sont tout émus d'être en Amérique.

Samedi 31 août

Montée à pied au Mont Royal, d'où l'on a une large vue sur toute la ville et le Saint-Laurent jusqu'aux rapides de Lachine. Leur nom vient de ce que Jacques Cartier, en les découvrant, les désigna comme ceux de la Chine, croyant trouver l'Empire Céleste juste en amont ! Le type asiatique des indigènes ne pouvant que confirmer son erreur...

Puis nous nous baladons dans le quartier du Plateau Mont-Royal où de jolies maisons en brique se cachent derrière l'enroulement en volutes de leurs escaliers extérieurs.

Le moment arrive bien vite où il faut se diriger vers l'aéroport et reprendre l'avion vers notre vieille Europe. Il fait nuit lorsque nous décollons, mais nous rencontrons le soleil brusquement à 2 h du matin et... il fait jour !

Présentement, comme ils disent au bord du Saint-Laurent, c'est pas pour vous faire des accroires, mais on a de la misère à récupérer du décalage horaire. On a les deux yeux dans le même trou : ça pas d'allure !

(Fin)

 

Fiche technique

Lundi 26 août

- En voiture : 150 km

- Hébergement à l'auberge Relais des Hautes-Gorges, 317 rue principale, Saint-Aimé-des-Lacsaubergehautesgorges.ca

Mardi 27 août

- En voiture : 40 km

- A pied : 10,4 km ; + 800 m ; 6 h

- Même hébergement

Mercredi 28 août

- En voiture : 170 km

- Hébergement à l'auberge de jeunesse internationale de Québec, 19 rue Sainte-Ursule, aubergeinternationaledequebec.com

Jeudi 29 août

- Même hébergement

Vendredi 30 août

- En voiture : 260 km

- Hébergement à l'Auberge de Jeunesse Hostelling International, 1030 rue Mackay, Montréal hihostels.ca/montreal

Samedi 31 août

- Retour Montréal – Paris avec Air Transat

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